L’entomophagie, ou le fait de consommer des insectes par l’être humain, n’est pas une pratique récente, ni un simple effet de mode. En effet, cette manière de se nourrir remonterait à la période de l’Homo Sapiens, voire même avant. Alors, ce n’est pas réellement une nouveauté dont il est question, mais plutôt de la réintroduction d’un aliment oublié de nos habitudes gastronomiques. Ainsi, il existe de nombreuses régions du globe où manger des insectes se pratique au quotidien pour diverses raisons (pénurie de nourriture, habitudes alimentaires, patrimoine culinaire…). Seul le monde occidental semble avoir oublié ce patrimoine culinaire pourtant d’actualité chez nous il y a quelques siècles ; l’augmentation de la population mondiale, l’écologie et nos habitudes culinaires changeantes et curieuses nous poussent à nous tourner depuis quelques années de nouveau vers les insectes comestibles. L’occasion pour nous de faire un tour du monde de la pratique de l’entomophagie dans le monde : où mange t-on des insectes et quelles espèces d’insectes comestibles sont les plus consommées ? C’est ce que nous allons essayer de découvrir.
Nous avons vu que le fait de manger des insectes ne date pas d’hier, puisque selon certains spécialistes, c’est même grâce à cette pratique que l’Homme a réussi à survivre, lorsque la chasse devenait difficile (Elias, 1998) En effet, grâce notamment à leur apport élevé en protéines, en fer, en zinc, et vitamine B12…, les insectes se révèlent être un concentré de nutriments, qui ont de ce fait permis à l’Homme de se nourrir. Au temps de la Grèce Antique, plusieurs écrits témoignent de pratiques entomophages, notamment de cigales et de criquets (qui étaient enrobés de miel). De nombreuses références à l’entomophagie existent également dans les textes religieux. Les insectes auraient même été consommés, de manière épisodique, aux cours des 19e et 20e siècle sur le continent européen. Ces pratiques ont subsisté dans certaines régions du globe essentiellement partout dans le monde sauf la ceinture occidentale.
L’entomophagie en Afrique
En Afrique, l’entomophagie est une pratique courante, et c’est même le continent où l’on consomme le plus d’insectes, après l’Asie. Que ce soit par manque de nourriture, ou parce que certains insectes sont des mets très appréciés par les populations locales – en Afrique du Sud, ils sont même considérés comme un met raffiné -les insectes s’invitent à de nombreux repas. Cependant, force est de constater qu’au fil du temps, les catégories aisées de la population ont tendance à délaisser cette pratique alimentaire.
Globalement, sur le continent africain, ce sont les termites et les chenilles qui sont les insectes les plus consommés. Localement, des disparités existent, et d’autres insectes sont également importants pour les populations locales. En Angola, termites et coléoptères font le bonheur des populations locales. Au Congo, ce sont plus de 65 espèces d’insectes qui sont consommés, les insectes représentant d’ailleurs de « 10 à 65% de l’apport en protéines total consommées par les habitants » (Entomologic).
A Madagascar, tout comme sur l’île de la Réunion, ce sont les larves de guêpes qui sont particulièrement appréciées par la population locale. On les cuisine avec de l’ail, du beurre et du persil. Sur l’île de la Réunion, les nids de guêpe sont considérés comme un met très raffiné, et probablement même l’un des produits les plus recherchés par la population locale, qui cuisine les larves de guêpes. Elles sont dégustées frites, ou en rougail avec tomates et épices pour les accompagner.
Amérique du Sud et la pratique de l’entomophagie
En Amérique du Sud, l’entomophagie est très présente, et en Colombie par-exemple, 25 espèces d’insectes différentes sont consommées régulièrement (Entomologic). Les fourmis (mais seulement les reines) sont un met recherché là-bas, et sont attrapées au moment de leur vol nuptial. Au Mexique, c’est la chenille d’un papillon qui est particulièrement appréciée au moment de l’apéritif. Les œufs de fourmis sont également consommés, tout comme les criquets, cuisinés frits, et revenus avec des piments, et un peu d’ail.
Sur le continent sud-américain, la boisson la plus renommée est le Mezcal. A base d’alcool, c’est un mélange d’agave et de chenilles de papillon. De même, le caviar mexicain est élaboré avec des punaises d’eau. Au Mexique, la chenille du ver d’agave est un met de choix, alors qu’au Venezuela, les indiens Yanomanis se régalent d’araignées. Les sauterelles y sont également très recherchées.Vous pourrez consommer des insectes dans de nombreux restaurants, qui proposent des tortillas aux insectes frits.
Manger des insectes en Asie
Le continent asiatique est le continent sur lequel l’entomophagie est la plus pratiquée. Ainsi, en Asie du Sud-Est, c’est la punaise d’eau géante qui est très appréciée. Elle est utilisée pour fabriquer une sauce, après avoir été écrasée en purée, et qui sera consommée avec des légumes et du riz en accompagnement.
Autre met très apprécié en Asie : la chrysalide de ver à soie, consommée frite en Chine et au Japon, ou dégustée en omelette, avec des oignons et de la sauce, dans d’autres régions de la Chine. Au sud Ouest du pays, certains habitants mangent régulièrement une espèce particulière de fourmis, qui leur conféreraient leur longévité, d’après certains scientifiques chinois, et permettraient même de lutter contre certains rhumatismes, ou autres troubles immunitaires.
En Chine, un thé vert est même confectionné avec des déjections de chenilles de papillons nocturnes. En Thaïlande, l’entomophagie est une pratique très répandue, et il est facile de trouver toutes sortes d’insectes à grignoter sur les marchés. Ainsi criquets, sauterelles, grillons, cigales, vers de palmiers, chrysalides de vers à soie, chenilles voire même scorpions y sont cuisinés et consommés quotidiennement. Ils sont proposés en apéritif, avec une bière, un alcool fort ou un jus de fruits, ou accompagnés de riz.
En 1919, c’étaient pas moins de 55 espèces d’insectes qui étaient mangés au Japon au quotidien (Entomologic).
Au Laos, c’est la larve du scarabée rhinocéros qui est dégustée, consommée après avoir été cuite dans du lait de coco, avant d’être rôtie. On y déguste également de grosses araignées, mangées crues ou bien rôties.
L’entomophagie en Océanie
Même si l’entomophagie n’est pas encore très répandue en Australie, en Nouvelle Zélande, ou ailleurs en Océanie, certaines populations qui la pratiquent depuis des millénaires continuent de perpétuer cette tradition alimentaire. Ainsi, les aborigènes d’Australie raffolent de certaines espèces de fourmis, celles dites « pot de miel « , et les dégustent telles des friandises.Ils mangent également des chenilles.
En Nouvelle Calédonie, la consommation de vers se fête chaque année. Au cours de cette célébration, les vers de Bancoule sont frits au pastis et au beurre. En Indonésie, les larves des fourmis tisserandes sont un met recherché, et particulièrement appréciées à Java et à Bali.
Manger des insectes en Europe
Même si les insectes sont consommés régulièrement partout dans le monde, c’est une pratique qui peine encore à trouver sa place dans les habitudes alimentaires en Europe mais qui se développe. Une sensibilisation à la nécessité de trouver d’autres sources de protéines commence à porter ses fruits et les mentalités évoluent tout doucement : on tente volontiers de manger des insectes à l’apéritif ou bien des bonbons aux insectes ou même encore des produits sportifs à la farine d’insectes.
Et si l’entomophagie vous laisse toujours dubitatif, pensez aux escargots, grenouilles, huîtres ou autres mets peu avenants que nous consommons déjà régulièrement. Qu’ont-ils de plus appétissants que des insectes au premier abord ? Rien, si ce n’est qu’ils sont ancrés dans nos habitudes gastronomiques, alors que les insectes ne le sont pas.
En outre, selon un célèbre entomologiste hollandais, Marcel Dicke, chaque personne consommerait même sans le savoir 500g d’insectes annuellement du fait de la contamination des fruits et légumes utilisés dans la fabrication de divers produits alimentaires. Donc manger des insectes nous le faisons déjà autant le faire volontairement 🙂
Parce que de toute manière, tôt ou tard, dîtes-vous que vous serez forcément amenés à considérer cette option. En effet, d’après les estimations de l’ONU, nous serons plus de 9 milliards d’individus en 2050. Elever du bétail pour un si grand nombre de personnes ne se fera pas sans endommager notre environnement. D’autres alternatives à notre consommation actuelle en protéines doivent être trouvées et élever des insectes représente une de ces options.
Quels insectes comestibles mange-t-on en Amérique du Sud ? - Insectéo | Le blog
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